Beaucoup d’entre vous connaissent la belle icône de ND du Perpétuel Secours que nous fêtons aujourd’hui. Nous y voyons la Vierge Marie associée à l’œuvre du Salut, par l’incarnation et par la rédemption associée à la passion. Sur cette icône, l’enfant Jésus regarde les éléments de la passion à venir ; le visage de Marie est tourné vers nous, paisible, semblant nous dire avec son fils : “ ne craignez pas !” Nous y voyons l’alliance que Dieu fit avec Marie pour que le salut nous soit donné. Nous y voyons Marie tellement présente à l’œuvre du Salut par son Fils Jésus.
Aux noces de Cana, c’est bien le visage de Marie qui apparait, celle qui se jette au secours du peuple pour porter son cri auprès de son Fils. Qu’il est beau ce visage de Marie, qui devance ainsi nos besoins. Qu’il est beau aussi ce visage de Marie, tellement engagée dans l’œuvre du Salut, cette œuvre qui ne peut que s’accomplir.
L’échange un peu vif entre Jésus et Marie : “ Femme, que me veux-tu ? mon heure n’est pas encore venue”, nous redit combien la parole de Marie est bien autorisée à l’heure décisive. Elle nous dit aussi combien elle peut surprendre pour notre marche ordinaire. Mais n’est-ce pas notre prière habituelle ? “ Prie pour nous maintenant et à l’heure de notre mort”. Ce sont les deux seuls moments qui comptent dans notre vie. Le passé est remis à la miséricorde de Dieu ; l’avenir est remis à la Providence de Dieu qui ne manquera pas. Le présent est le seul instant dans lequel nous sommes engagés et dans lequel nous pouvons nous tourner vers le Seigneur, lui dire notre confiance, puisque toute notre vie lui est remise.
C’est ce que fait Marie. Sa confiance n’est pas dans la transformation de l’eau en vin. D’ailleurs, elle ne lui demande pas. Sa confiance est dans l’œuvre du salut qui s’accomplit maintenant. Jésus comprend ainsi que c’est déjà son heure, puisque l’heure du salut touche désormais toute notre humanité: “ Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, Une lumière a resplendi.” Is
La prière de Marie auprès de Jésus : “ ils n’ont plus de vin” est une prière de confiance et d’espérance, cette même espérance à laquelle nous sommes appelés en cette année Jubilaire. L’espérance naît de ce qui est déjà réalisé dans la Croix du Seigneur. Elle est comme une ancre jetée dans le cœur de Dieu et nous fait tenir avec solidité dans les épreuves. Elle est différente en cela de l’espoir car elle donne assurance que notre prière sera exaucée si elle est profondément reliée à la volonté de Dieu déjà réalisée.
A Cana, Marie se sait désormais bienheureuse, aimée de Dieu comme toute l’humanité. C’est dans cette espérance que Marie lui parle de la fête qui va être gâchée. Et le cœur de Jésus se laisse toucher.
Mais il ne peut répondre qu’à la mesure de ce que nous lui donnons. Dieu marche à notre rythme, au rythme de nos conversions,
Avez-vous remarqué par exemple que le vin servi miraculeusement par Jésus est le même que celui que le maitre de la maison a servi au début du repas. Le miracle n’a pas écrasé la fête comme on le pense parfois, avec un vin bien supérieur. Le miracle s’est inséré avec délicatesse dans la fête. Comme une vraie alliance qui respecte l’un et l’autre. Combien nous pouvons nous inspirer de cela lorsque nous cherchons à apporter notre aide, en Haïti ou ailleurs, auprès de nos personnes ainées. Il nous faut marcher au rythme le meilleur de celui avec qui nous faisons alliance. Merveilleuse délicatesse de Dieu qui fait réussir la fête en valorisant le maitre du repas, et en appelant le meilleur de nous-mêmes !
Vous êtes-vous demandé également ce que le Seigneur aurait fait si les serviteurs avaient refusé d’entrer eux aussi dans la foi et d’amener de l’eau ? Le Seigneur avait besoin de leurs bras et de leur foi.
Ainsi, en ce jour de fête, alors que nous l’honorons comme ND du Perpétuel Secours, Patronne et protectrice d’Haïti, Patronne et protectrice des Pères de St Jacques, soyons sûr qu’elle porte déjà notre prière en son cœur.
Elle sait notre besoin de Paix en Haïti, elle sait les besoins des pères de St jacques dans leur mission, elle sait les besoins de nos familles.
En cette célébration eucharistique, puissions-nous articuler nos demandes avec l’heure du Salut et de la rencontre pour chacun de nous, ayant conscience de ces deux seuls moments qui comptent : “ maintenant et à l’heure de notre mort”
Puissions-nous aussi engager le meilleur de nous-mêmes en offrant au Seigneur ce que nous pouvons pour initier une réponse à nos prières, en faveur de la paix et de l’aide au peuple haïtien, sachant combien Dieu se met à la mesure de nos initiatives et en a besoin pour y insérer son miracle.
Faisons-le avec foi. Tout est possible à celui qui croit, car il y engage lui-même toute son existence. Ayons confiance dans notre prière de ce jour pour le peuple haïtien. Dieu ne veut que son bonheur.
Réjouissons-nous du don de l’amitié que le Seigneur nous fait en ce jour pour porter ensemble notre prière et nos efforts. Amen.